Les visages de l’ECSI

Cette rencontre avait pour objectif de susciter des échanges sur les politiques et les programmes de sensibilisation et de mobilisation des citoyens en réponse aux défis mondiaux. L’enjeu : partager des pratiques, des outils qui ont fait leurs preuves et présenter des témoignages concrets.

Les actions de l’enseignement agricole ainsi que l’engagement de ses différents acteurs ont été mis en valeur au cours de l’évènement.

Marion Bardy, sous-directrice de la recherche, de l’innovation et des coopérations internationales de la DGER a tout d’abord rappelé l’implication du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire dans le groupe de concertation national ECSI via le BRECI, les enjeux et les objectifs pour l’enseignement agricole d’intégrer ces thématiques et méthodes pédagogiques dans les projets des établissements. Elle a insisté sur l’existence d’un système national d’appui aux établissements (via le réseau RED notamment depuis presque 25 ans !) pour mener des actions avec les jeunes, partager des outils, organiser des formations tout en travaillant au quotidien avec  de nombreux partenaires associatifs locaux et institutionnels. Sur le terrain ces actions peuvent prendre des formes multiples : accueil de jeunes volontaires étrangers, projets de solidarité, serious games…

Des outils pédagogiques pour éduquer à la transition agroécologique

Fleur Meynier, Chargée de mission Systèmes de culture innovants de la Bergerie Nationale de Rambouillet a pu ensuite présenter l’outil pédagogique non formel AGROCHALLENGES. Ce serious game de l’enseignement agricole (RED/Educagri éditions) utilisé en classe ou dans le cadre de l’accompagnement et la formation des enseignants, est le fruit d’une collaboration avec des nombreux partenaires étrangers, l’INRAE et le designer Quentin Vaulot. Fleur Meynier a insisté lors de sa présentation sur les conditions de réussite du jeu (disponible en 5 langues) et ses objectifs pédagogiques : découvrir l’agroécologie, prendre conscience de son approche systémique, impliquer et rendre actifs les jeunes, encourager la prise de parole et les débats sur les questions socialement vives liées à l’agriculture. Elle a été rejointe par Rachid Benlafquih chargé de mission ECSI et coopération Afrique (BRECI/DGER) qui a suivi de près les différentes étapes du projet. Il a notamment insisté sur la dimension partenariat et coopération internationale de l’outil pédagogique. AGROCHALLENGES est aujourd’hui reconnu pour sa capacité à nourrir et initier des partenariats avec des acteurs de l’éducation, du monde association et professionnel en France et  à l’étranger (Colombie, Canada, Bénin, Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun, Allemagne, Espagne, Portugal, Brésil, Roumanie, Japon, Nouvelle-Zélande…).

Témoignage de Fleur Meynier suivi de ceux de Nansirine, Melissa (volontaires internationales) et du CFSI sur le festival ALIMENTERRE en vidéo :

Ouvrir les jeunes sur le monde grâce à l’accueil de Volontaires internationaux

« Melissa Camara du Brésil  et  Nansirine Ismaïnou du Bénin (en photo au début de l’article – Photo France Volontaires) ont été volontaires en service civique international pour une mission de promotion de la citoyenneté et de la solidarité internationale au sein de trois lycées agricoles  en Normandie, Occitanie et en Val-de-Loire . Leurs témoignages ont permis de souligner l’aspect multidimensionnel des apports d’un volontariat sur le public qu’elles rencontrent dans le cadre de leurs activités. En ce sens, les deux volontaires intervenantes ont pu citer « l’ouverture sur le monde », « la contribution à la levée des tabous et préjugés », ou encore « l’apport de connaissances socioculturelles ». Par sa mission de service civique, Melissa aspire à contribuer « à la lutte contre la xénophobie » ainsi qu’ « au développement de la solidarité internationale », grâce à « des actions utiles ». Quant à Nansirine, elle a souhaité participer à « la préservation de l’environnement pour un monde durable profitable aux générations à venir ».

Par ailleurs, leurs interventions ont démontré que le volontariat représente un cercle vertueux à bien des égards, leur mission impactant directement la suite de leurs parcours d’étude et professionnel. Selon Nansirine : « Ma mission m’a permis d’augmenter ma confiance en moi, de renforcer ma capacité de responsabilité et d’augmenter mes compétences dans mon domaine d’activité ». Elle est d’ailleurs actuellement de retour en France après son service civique pour poursuivre ses études en Géographie à l’Université Paul Valéry de Montpellier.

Pour Melissa, sa mission lui a permis « d’apprendre la langue française, de prendre de l’autonomie et de la confiance en moi ». Elle compte réinvestir les méthodes d’apprentissage observées dans les lycées agricoles, passant par des expériences théoriques et pratiques, dans sa future carrière de professeure. » *

Pour l’enseignement agricole, ces jeunes volontaires sont aussi considérés comme de futurs jeunes professionnels (notamment dans les domaines de l’agriculture et de l’alimentation). Cette expérience professionnelle et citoyenne unique représente une réelle opportunité pour construire et réaliser son propre projet professionnel. A l’issue de leur volontariat, les jeunes accueillis obtiennent un Open Badge « Volontaire international de l’enseignement agricole » qui reconnait les compétences développées. Les réseaux géographiques de la DGER/BRECI suivent également le parcours des anciens volontaires et les aides pour leur insertion sociale et professionnelle. Découvrez en vidéo le parcours d’ex volontaires béninois aujourd’hui jeunes entrepreneurs en aquaculture ou en machinisme agricole :

Service civique et entreprenariat – Le Bénin / LE FILM from Com Son Image – Julie Lizambard on Vimeo.

Un Club solidarité pour s’engager

Karine Boullay-Bador, enseignante en mathématique au lycée agricole de Mâcon, animatrice du club solidarité de l’établissement a partagé enfin sa riche expérience et ses réflexions lors d’une table ronde sur le thème : « comment accélérer le déploiement de l’ECSI en France et créer des collaborations vertueuses dans les territoires entre les acteurs associatifs et publics ? ». Elle a insisté sur la dimension transversale de l’ECSI, la possibilité de proposer des espaces d’expression et d’engagement des jeunes en dehors des cours et l’importance des partenariats avec les acteurs associatifs du territoire. Pour elle, les principaux leviers sont : l’inscription des actions dans les projets stratégique d’établissement et leur reconnaissance dans les programmes de formation, la pluridisciplinarité, les campagnes nationales et les partenariats avec les acteurs de l’ECSI (RRMA, ONG, collectivités locales…). Après avoir été lauréats du concours national de Podcasts « réinventer le monde », les étudiants du club proposeront cette année des actions autour de l’égalité « femmes – hommes » et reconduiront leur Gratiferia annuelle sur l’établissement pour sensibiliser aux conséquences néfastes de la fast fashion.

Témoignage de Karine Boullay-Bador :

Nous tenons chaleureusement à remercier Fleur, Nansirine, Melissa ainsi que Karine pour leur engagement, leur disponibilité et leurs témoignages.

 

Danuta RZEWUSKI et Vincent ROUSVAL, animateurs du réseau RED (ECSI) de l’enseignement agricole

Rachid BENLAFQUIH, Chargé de mission Afrique / Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale / Expertise Internationale au BRECI-DGER, rachid.benlafquih@agriculture.gouv.fr

* Extrait de l’article de Selma Benamar de France Volontaires sur les témoignages des deux jeunes volontaires invitées à témoignées.