Chacun a une approche de la notion de valeurs qui lui est propre, fruit de son histoire personnelle et collective. Abigaël est un jeu de rôle adapté par le CCFD, qui nous aide à prendre conscience des différentes perceptions de valeurs.
Origine et objectifs
Ce jeu est tiré de : « T-Kit l’apprentissage interculturel »- Conseil de l’Europe- 2001
L’objectif de ce jeu est de prendre conscience de des différentes perceptions de valeurs.
Etapes
Donner le texte, laisser 5 minutes puis demander :
Classer les 5 personnages : le mieux comporté – le moins bien comporté.
Puis demander de se mettre d’accord en groupe de 5 personnes.
Demander de ne pas procéder de façon mathématique, mais de se mettre d’accord. (Notion de démocratie avec 49%de mécontents ou de consensus !)
Dans l’analyse, interroger les participants sur la façon dont ils ont effectué leur classement. Sur quelles bases ont-ils décidé de ce qui était bien et de ce qui était mal ?
Quels arguments les ont convaincus, pourquoi et s’ils ont eu le sentiment d’une frontière au-delà de laquelle il leur était impossible de comprendre ou de suivre l’autre.
Réflexions et prolongements
Parmi les suivis envisageables, il est possible d’examiner les contextes dans lesquels nous avons appris ce qui est bien et mal – et ce que cela nous apprend au sujet de ce que nous avons en commun et de ce qui nous différencie.
Je ne dispose pas des éléments pour décider, classer. Je classe en fonction de mes valeurs, mon vécu, l’interprétation de la situation que je ne connais pas complètement
Toute situation que j’observe, je l’observe en fonction de mes préjugés (interprétation, vécu, valeurs).
Et si on interverti les rôles Homme Femme ? Et si on donne un âge aux personnages ?
Valérie CHATEL
Bonjour,
je découvre l’outil Abigael avec une certaine stupéfaction : pouvez vous me dire en quoi une histoire d’abus sexuel de cette nature peut servir l’éducation à la citoyenneté ? en quoi le marchandage du corps d’une femme peut il faire l’objet d’un débat ?
Diabaté
Bonjour Valérie Chatel
L’histoire d’Abigaël et Tom, bien que dérangeante au premier abord, est utilisée ici dans un cadre éducatif pour susciter une réflexion profonde sur des sujets cruciaux tels que les relations hommes/femmes, la sexualité, le consentement, et les responsabilités individuelles.
L’histoire aborde la question de la marchandisation du corps de la femme, un sujet malheureusement encore d’actualité. En discutant de la situation d’Abigaël, les participants peuvent réfléchir sur le consentement, les limites de l’acceptable, et la pression sociale.
Chaque personnage incarne un rôle et une responsabilité spécifiques. Par exemple, Sinbad représente l’exploitation de la situation, tandis que Tom incarne le jugement moral et le rejet, et John la solidarité et la rébellion contre l’injustice.
Ce récit permet de discuter des systèmes de valeurs personnels et sociaux. Pourquoi certaines personnes condamnent-elles Abigaël alors qu’elle a été exploitée ? Que signifie vraiment l’amour et le respect dans une relation ? Ces questions incitent les participants à examiner leurs propres valeurs et attitudes.
L’histoire montre les réactions émotionnelles des personnages face à des situations difficiles, comme le désespoir d’Abigaël, l’indifférence de sa mère, le rejet de Tom, et la réaction protectrice de John. Cela ouvre un espace pour discuter de la gestion des émotions et des conséquences de nos actions.
Enfin, ce texte, en confrontant les participants à une situation complexe et moralement ambiguë, sert de catalyseur pour développer l’esprit critique des participants, encourager le dialogue, et renforcer la compréhension des droits et responsabilités en tant que citoyens.
L’objectif n’est pas de juger les personnages, mais de comprendre les dynamiques en jeu et de favoriser une discussion ouverte et respectueuse sur un sujet malheureusement tabous. Le débat qui en résulte peut aider à construire une société plus juste et équitable en exposant les injustices et en encourageant le respect des droits de chacun.
Cordialement,
Yacine Diabaté